Impacts de l’AS

Phases suite à une AS

Les victimes d’agression à caractère sexuel peuvent traverser certaines phases. L’ordre et l’intensité varient selon l’expérience personnelle des femmes et la nature spécifique de l’agression à caractère sexuel. Chaque phase décrit les réactions physiques, psychologiques et comportementales possibles qu’une victime a pu vivre dans le passé, vit actuellement ou vivra dans l’avenir.

Pendant l’agression

Plusieurs survivantes se demandent si leurs réactions pendant l’agression sont normales. Certaines tentent de se débattre, certaines crient, d’autres sont silencieuses et figent. Toutes ces réactions sont normales : on ne peut pas prévoir comment l’on réagira si on est victime d’agression sexuelle. Plusieurs ne comprennent pas leur réaction et en ont même parfois honte. L’agression sexuelle est une atteinte profonde à notre sentiment de sécurité et à notre intégrité physique et psychologique et peut faire vivre différents sentiments :

  • peur de mourir;
  • paralysée par la peur;
  • crainte d’être tuée si elle se défend;
  • fortes réactions physiques;
  • sentiment de captivité et d’impuissance;
  • impression de vivre un cauchemar;
  • impression que l’agresseur lui en veut personnellement;
  • etc.

Période de choc

La période d’état de choc est généralement associée à la phase la plus intense. Dans les heures ou les jours qui suivront l’agression à caractère sexuel, une gamme d’émotions contradictoires et changeantes (par exemple, un état d’euphorie à un état dépressif) peuvent se manifester. La première réaction au choc se manifeste par la désorganisation du quotidien. Les femmes peuvent avoir de la difficulté à reproduire des gestes habituels et généralement effectués sans réfléchir (se coucher le soir, se déplacer seules dans leur quartier, conduire leur voiture, cuisiner des repas, travailler, etc.). Des sentiments intenses et douloureux peuvent survenir : on parle de peur extrême, terreur, irritabilité, colère, souvenirs répétitifs et désagréables, incrédulité, culpabilité, honte, impression d’être incomprises, sentiments liés à la perte de l’intégrité, etc.


La durée de cette période semble être déterminée, entre autres, par la qualité du support que les femmes reçoivent. De plus, l’aide que les centres de femmes, par exemple, peuvent prodiguer à ce stade peut être utile et libératrice. Il est important à cette étape de prendre des décisions face à certaines situations pratiques, telles qu’une visite chez le médecin, prendre un congé du travail ou de l’école, déclarer ou non l’agression à caractère sexuel à la police, prendre un rendez-vous avec une intervenante sociale, entre autres.

Période de réajustement

Cette période est marquée par le désir de reprendre une vie « normale ». Les femmes s’aperçoivent qu’elles ont négligé certaines sphères de leur vie (travail, enfants, etc.) et elles tentent de les rattraper. À ce stade, les femmes ont repris, en apparence, une certaine assurance. Or, celles-ci peuvent vivre encore plusieurs sentiments d’impuissance tels que l’anxiété, la honte, la culpabilité ou développer des peurs jusqu’alors inexistantes (peur de rester seules, peur des foules, peur des individus qui ressemblent à l’agresseur, etc.). Il est possible qu’une femme reprenne ses activités d’antan, avec quelques manies ou habitudes en plus (verrouiller à double tour les portes de la maison, prendre un verre d’alcool en soirée, sursauter au moindre bruit strident, etc.). Ces habitudes, bonnes ou mauvaises, sont des mesures adoptées par les femmes pour survivre psychologiquement à cette situation traumatisante. Il est aussi possible que certaines femmes tentent de reprendre du pouvoir sur leur vie en déménageant, en changeant d’emploi ou de numéros de téléphone, en limitant ou mettant fin à des relations susceptibles d’entraver leur bien-être, etc. Il est important à ce stade-ci que les survivantes soient conscientes des progrès qu’elles ont effectués jusqu’à présent.

Période d’intégration

La période d’intégration est caractérisée par la reconstruction d’un nouveau moi. Durant cette période, les activités quotidiennes ont repris leur place dans la routine habituelle. Néanmoins, les femmes ressentent le besoin de faire de la lumière sur leur vécu pour se réconcilier avec les pensées et les émotions néfastes liées à l’agression à caractère sexuel. Elles peuvent encore ressentir des sentiments auto-accusateurs, tels que la culpabilité et la honte, mais généralement, la colère face à l’agresseur commence à prendre plus d’espace. Les femmes agressées qui ont pu parler de leur agression, à des gens compréhensifs ou à une intervenante, arrivent plus rapidement à exprimer leur colère. D’ailleurs, celle-ci est porteuse de changement et d’action. Enfin, à ce stade, les femmes se libèrent tranquillement des conséquences de l’agression.

Conséquences de l’AS

Les conséquences des agressions à caractère sexuel sont diverses et peuvent se manifester sous différentes formes et à différents moments de la vie. Que l’agression à caractère sexuel soit récente ou qu’elle se soit produite il y a quelques années, les conséquences peuvent varier d’une victime à l’autre. Certaines émotions ou réactions surviendront immédiatement après l’agression. D’autres apparaîtront parfois beaucoup plus tard, c’est-à-dire des jours, des mois ou des années après l’agression.

LES SURVIVANTES RÉAGISSENT DE FAÇON PERSONNELLE À L’AGRESSION ET LE PROCESSUS DE GUÉRISON DIFFÈRE D’UNE PERSONNE À L’AUTRE.

La nature et l’ampleur des conséquences peut dépendre de certains facteurs, tels que l’âge de la victime, la nature, la fréquence et\ou la durée des agressions, le lien entre la victime et l’agresseur, la violence utilisée lors de l’agression, les réactions de l’entourage lors du dévoilement, les services d’aide professionnelle disponibles (intervenants, policiers, médecins, entre autres).


Nous tenons aussi à souligner que les conséquences sociales des agressions à caractère sexuel touchent l’ensemble des femmes. En effet, la crainte des agressions sexuelles fait partie intégrante de la vie des femmes, les amenant à vivre une vie de contournement et à faire différents aménagements.

Voici ce que vous pouvez vivre à la suite d’une agression sexuelle.

01

Des problèmes physiques

Comme des maux de tête, de la fatigue, des infections transmissibles sexuellement, des troubles du sommeil, des troubles de l’appétit ou d’alimentation, une grossesse non désirée et des blessures.

02

Des problèmes psychologiques

Comme la tristesse, la dépression, la culpabilité, des sentiments d’impuissance, de colère et de rage, des peurs, des flashbacks, des pertes de mémoire, de la tristesse, du désespoir, une faible estime de soi, une diminution de la confiance en soi, la honte, le découragement, une diminution de la concentration, des idées suicidaires et l’automutilation.

03

Des difficultés sexuelles

Comme une baisse de désir ou une sexualité excessive, des douleurs lors des relations sexuelles et du dégoût pour la sexualité.

04

Des difficultés relationnelles ou sociales

Avec votre conjoint ou conjointe, avec des personnes proches et votre famille, l’isolement, des tensions familiales, la méfiance envers les autres, la peur de sortir ou d’être seule, la peur de faire face aux préjugés.

05

De l’ambivalence, des frustrations ou de l’anxiété

Qui peuvent être causées par le dévoilement, les procédures judiciaires, le procès et les témoignages à la cour.

06

Des problèmes sur le plan économique

Comme une perte de revenus, un changement d’emploi, des difficultés au travail, le rejet par des personnes proches, le séjour dans un centre d’hébergement ou un centre de crise, un déménagement.

07

Des problèmes de dépendance

À l’alcool, aux drogues, au jeu et aux médicaments.

08

Des remises en question existentielles

Telles qu’une modification dans la façon de voir la vie et de voir les gens, des valeurs fondamentales et des certitudes ébranlées.